
Journée d'étude "Faire genre : ceci n'est pas un colloque
Organisée par
Laurie Schrefheere
Lucas Gutierrez
Léo Sechet
Avec la collaboration de
Vincent Vivès
Frédérique Amselle
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Le 14/03/2025
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09:00 - 16:00
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Journée d'étude
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Campus Mont Houy - Bâtiment Matisse - Salle Descripto
Plantons un décor, faisons genre
Les masques s'ôtent ou s'osent, dans des jeux de corps
Oripeaux sur les peaux, des rideaux et du faux
Nous tentons des méthodes pour en tirer du beau
Une journée comme un show dont le flot sera feu
Une recherche d'échos qui se fait peu à peu
Construire et casser, des combines à parier
Des collines déplacées, loin des mythes avariés
Mettre les rêves en scène, perdre les rênes aussi
Peindre le vieil enfer, ce reste où nos textes oscillent
Quand nos tons défoncent, défont les thèmes hostiles
“Défions la Raison !”
Faisons du fier envers, une terre possible
Ainsi pas d’oraison, ni de thèses absolues
Un savoir qui dérive, se cherche, évolue
Nous ne dirons pas : voici pour réduire
Nous dirons : faisons sans prétendre saisir
Le genre, lorsqu’il est appréhendé comme un processus de tension et de déplacement plus que comme le jeu performatif et réitératif, dépeint par les approches essentialistes, ne se donne pas, mais se fait. Il s’énonce à rebours, s’échappe dans l’ellipse, s’imprime dans le simulacre. Il est feinte et révélation, artifice et nécessité, syntaxe du corps et poétique du signe. Il nous incombe alors d’effectiver ce « faire-genre », cette journée d’étude étant l’occasion de l’éprouver comme un geste en suspens, une construction dans laquelle se négocient sans cesse les structures qui l’obligent et les écarts qui l’en libèrent. Aussi le concept se cherchera-t-il dans l’acte – en fabrique, dans la voix, dans l’image, dans les matières textuelle et plastique. À nous donc : de feindre d’être chercheur·euse·s, non comme subterfuge mais comme méthode, afin d'interroger le simulacre et l’illusion subséquente comme stratégies d’apparition et de retrait ; d’envisager les identités performatives, où le genre — au sens du gender anglophone — fluctue, se fait et se défait librement, hors des systèmes normatifs et sclérosés ; enfin, de performer les genres — au sens du genre anglophone — littéraires et artistiques, en questionnant les formes qui les saisissent, les étirent ou/et les défont. Dès lors, cette journée d’étude ne se clôt pas sur un objet, mais s’ouvre à un mouvement : il ne s’agit pas tant de fixer un cadre théorique absolu que d’ouvrir un espace critique indéfini, où le concept plurivoque de « genre », voire de « faire-genre » en premier lieu, ne se pense qu’à force d’être défait.
Nous ne sommes encore que des bébés-chercheur·euse·s, du moins en devenir, en action, en recherche ; or faire genre, c’est tout cela à la fois : une suspension où l’on joue en minuscule, à être ce que l’on n’est pas encore, un espace de transition, d’indéfinition, où l’on se cherche pour se trouver un peu, sans jamais vraiment se fixer. Le titre ne galèje pas : ceci n’est pas un colloque, mais un entre-deux, l’interstice épistémologique où coexistent le faire et le défaire, le repenser, le reconstruire en paradigmes, sans toutefois prétendre y arriver.
Par ailleurs, les modalités d’intervention prolongeront cette démarche : outre la subversion en essai des communications dites classiques, qui s'abandonneront également aux détours, des contributions indirectes, sous forme de textes, de fragments ou de créations graphiques, seront exposées dans la salle DeScripto. Ainsi, ces présences latérales, loin d’être pour autant marginales, constitueront un savoir en circulation, éclaté, polyphonique, et donneront lieu à une scène ouverte, qui, offrant à chacun·e la possibilité d’en proposer une mise en voix, conclura la journée dans la continuité de son mouvement.
