Journée de recherche : Décider en avenir incertain, un regard pluriel
Journée scientifique de printemps de l'axe 2 "Organisations" : contrats, institutions, risques
Organisateurs : Jordan VAZQUEZ, Jérôme MAATI, Antoine MASINGUE
Présentation 1
Intervenant : Sylvain Petit
Titre : Adoption de la certification de sécurité Covid-19 et stratégie de prix dans l'industrie hôtelière
Résumé : Le secteur du tourisme a volontairement pris plusieurs initiatives pour renforcer la confiance des clients en réponse à la pandémie de Covid-19. Par exemple, dans l'industrie hôtelière, trois stratégies différentes ont été mises en œuvre : (1) ne pas envoyer de signal de sécurité Covid-19 ; (2) envoyer un signal modéré par le biais d'une charte ; ou (3) envoyer un signal fort par le biais d'un label. Cette étude vise à identifier les principaux déterminants du choix des hôtels parmi ces stratégies et à analyser l'influence de leur choix sur la politique de prix. Nous estimons trois équations simultanées (prix des hôtels, classement par étoiles, signal de sécurité Covid-19) sur un échantillon de 418 hôtels classés de la région Hauts-de-France. Les résultats sont cohérents avec l'idée que les managers mettant en œuvre des stratégies de signal de sécurité sont plus préoccupés par la durée de recouvrement après un confinement.
Présentation 2
Intervenant : Didier Lhomme
Titre : La décision, process d'élaboration et légitimité
Résumé : Il est souvent présentée, en droit public, la décision, comme l'acte constatant la relation d'une contrainte légitime et acceptée (Weber) atteignant un ou des destinataires (top down), que le droit dénomme les sujets de droit. Ce constat empirique et ancré doit cependant se mesurer aux effets puissants de la sociologie et d'une sémiologie contemporaine pour ne pas revêtir les habits de l'arbitraire et s'inscrire par là même dans l'acceptable: général ou particulier. Un premier regard, issu de mes travaux et spécialité permettra d'évoquer la spécificité de la négociation internationale entre Etats, acteurs maintenant non exclusifs de la scène internationale, et d'entrevoir que cette séquence habilement cantonnée par les diplomates dans le champ politique, au fil du temps, comporte beaucoup d'aspects juridiques ou de réglementations induites balisant le résultat obtenu au titre d'un principe de sécurité juridique ainsi que d'un principe de bonne foi et de confiance mutuelle. Le deuxième regard portera sur l'émergence de nouveaux paradigmes de gouvernance supposés vertueux dans le processus décisionnel, qui prennent le nom de bonne gouvernance et de bonne administration (Lhomme, Dela Rosa, annamarija Musa, Kopric), processus techniques dans lesquels il semble possible d'insérer des indicateurs d'impact et d'évaluation de la décision, créant ainsi une forme de bottom up , et de manière plus sophistiquée encore évoluant vers une subsidiarité verticale , voire horizontale ( voir aussi la question de l'initiative citoyenne européenne).
Le décideur, en fonction de sa perception de l'efficacité de sa décision, en fonction de sa propre nature institutionnelle, en fonction de l'acception finale de sa décision par le ou les destinataires, se trouve confronté à des choix et méthodes d'élaboration de la décision, et doit s'imprégner d'une procédure explicite ou implicite de compliance, c'est à dire peser le et les risques sur la chaîne des éléments de sa décision. Certains y voient d'ailleurs une forme de démocratie administrative.
Présentation 3
Intervenant : Jordan Vazquez
Titre : Situational awareness en environnement big data : le cas d’un centre d’information et de commandement de la Police National française
En France, le contexte informationnel des effectifs de la Police nationale s’est grandement enrichi depuis quelques années, c’est pourquoi nous considérons que ces acteurs évoluent dorénavant au sein d’un environnement informationnel dense et hétérogène, constitué d’un ensemble de systèmes d’information (et/ou de technologies) non ou peu intégrés que nous nommons environnement big data (Godé, Lebraty, & Vazquez, 2019). La question de recherche de cet article est how does big data environment impact situational awareness ? Cette recherche réalise un focus sur trois situations particulières rencontrées par le superviseur d’un centre de commandement de la Police nationale des Bouches du Rhône : Le cambriolage d’un bar/tabac, le déroulement d’une manifestation non déclarée, la formation d’un mouvement de foule à risque devant un collège. La principale contribution théorique de cette recherche concerne la proposition d’une version approfondie et adaptée aux environnements big data, du modèle Situational Awareness initialement élaboré par Endsley. Les résultats de l’étude permettent de mettre en avant l’apparition d’un biais d’ancrage au tout début du processus décisionnel, qui affecte l’ensemble des exploitations d’informations réalisées par la suite. Sur le terrain, il peut s’ensuivre la mise en œuvre d’une action inadaptée.