Journée d'étude "Autiste artiste : l'Art comme vecteur d'empouvoirement et d'inclusion"
Organisée par Yasmine GUITTARD, doctorante LARSH-DeScripto
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Le 13/12/2024
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10:00 - 16:30
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Journée d'étude
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Campus Mont Houy - Bâtiment Matisse - Amphi 150
Présentation
L’approche de l’autisme sous un angle social suscite un intérêt croissant dans la recherche universitaire française, offrant l'opportunité d’étudier de nouveaux enjeux et questionnements non seulement en psychologie, mais aussi dans d'autres disciplines, telles que les Arts dans leur globalité. En dehors des discours sensationnalistes sur la pratique artistique chez des personnes autistes, certains artistes, auteurs et créateurs concernés par cette neuroatypie ont pu créer des œuvres dans une démarche d’inclusion, de sensibilisation et d’acceptation - de soi et par autrui. À titre d’exemple, nous pouvons citer Mel Baggs, L'œil atypique, Morgan Harper Nichols, ou encore les créateurs d’Autistic Liberation Front sur le métavers Second Life.
L’intersection entre les arts, les sciences sociales et le paradigme de la neurodiversité offre l’opportunité de témoigner du vécu de l’autre à travers un prisme créatif. Les personnes autistes ayant longtemps été perçues comme inaptes à la communication, dépourvues d’imagination et marginalisées de la société, le partage de leurs expériences par la pratique artistique auprès de personnes non-autistes nous invite à remettre en question notre perception de cette population, tout en nous interrogeant sur le potentiel de la création artistique dans ce contexte.
À titre d’exemple - et dans un cadre spécifiquement numérique - cette exploration peut se faire dans la publication de vidéos (YouTube, Tik tok…), de bandes dessinées éducatives sur les réseaux sociaux, ou encore au sein de serveurs en ligne de jeux vidéo type bac-à-sable (Minecraft, Second Life…). En dehors d’Internet, la création de dispositifs tridimensionnels numériques est un terrain tout aussi important à expérimenter, notamment dans le champ des sens - les personnes autistes étant concernées par l’hyper/hyposensibilité sensorielle. C’était le cas de l’œuvre Hypersensorium (2019, exposition Inter’Act) : créée au sein de la Fondation Vasarely, cette œuvre invitait le public à vivre une expérience d’hypersensibilité auditive et de surcharge tactile en traversant des dizaines de bandes de tissus au son exacerbé. Cette installation était l’opportunité d’exprimer le fragment d’une expérience autistique personnelle en proposant au public de la vivre l’espace d’un instant, tout en constatant la pluralité de leurs réactions (amusement, crispation, auto-stimulation etc).
Ce champ de recherche peut aussi entrer en convergence avec des processus d’empouvoirement et d’inclusion, ces derniers se faisant présents dans le processus créatif de certaines œuvres : dans In My Language (2007), Mel Baggs s’exprime par la captation de ses auto-stimulations, puis à l’aide de sous-titres et d’une voix synthétique. Autiste et non-oralisant·e, Mel Baggs plaidait une meilleure inclusion des personnes autistes dans la société tout en s’exprimant et rendant son discours accessible par le biais créatif de la vidéo en ligne.
Dans la lignée de cette approche, cette journée d’étude sera l’occasion d’explorer les pratiques créatives d’artistes autistes dans une trame d’inclusion et d’empouvoirement.
Par quels processus artistiques peuvent-ils créer des espaces inclusifs ? Comment leurs créations peuvent-elles susciter une certaine autonomisation, une émancipation ? En quoi leurs arts dialoguent-ils avec des notions telles que la neurodiversité ou la culture autiste ?