• colloque international
  • Département CRISS

Colloque "Résiliences médiévales (?) Une anthropologie historique des risques environnementaux"

  • Le 04/04/2025

  • 09:00 - 13:00
  • A distance

L’histoire de l’environnement telle qu’elle s’est déployée depuis 15 ans a nécessairement repris et transposé des concepts de l’écologie du XXe siècle qui ont nourri d’abord les approches disciplinaires parfois très éloignées de l’histoire. Irriguée par l’histoire environnementale de l’école américaine, les sciences historiques, contemporaine surtout, ont questionné l’objet environnement au prisme des notions de crises et de transition (notamment énergétique). Les médiévistes ont entrepris plus récemment de saisir le dossier comme le montrent le congrès de la SHMESP de 2023, celui de Leeds en juillet 2024 sur le thème « Crisis » ou encore les rencontres scientifiques à venir sur les risques et les transitions dans l’exploitation des ressources naturelles. Face aux aléas climatiques, aux catastrophes, et à l’épuisement des ressources, l’idée de résilience est apparue de plus en plus dans le discours des historiens dans les études sur la réaction des sociétés du passé aux évolutions environnementales.

La notion de résilience vient de la mécanique, faisant référence à la résistance des matériaux aux chocs. Depuis le milieu du XXe siècle, les Anglo-Saxons l’appliquent aux sciences humaines, et seulement depuis le début des années 2000 dans les milieux francophones. Le terme anglais utilisé en SHS « le fait de rebondir », est emprunté à la zoologie dans le sens de la capacité de reproduction d'une espèce animale inemployée en raison d'une ambiance hostile, mais susceptible d'une expansion soudaine, si cette ambiance s'améliore (Husson 1970). C’est ensuite la psychologie qui s’est emparé du concept (capacité à persister et se reconstruire) dans les situations post-traumatiques majeures (catastrophes naturelles ou industrielles, attentats…).

Si la résilience écologique évoque la capacité d’un écosystème à retourner à son équilibre d’origine après une perturbation, la notion prise en compte par les gouvernances des sociétés actuelles sous-entend davantage l’idée de résignation devant une situation inédite et irréversible. Récemment, les anthropologues rappellent que les catastrophes, même lorsqu’elles sont déclenchées par des phénomènes naturels, sont avant tout des événements sociaux et politiques. Le regard ethnographique permet de mettre en lumière des aspects souvent invisibles aux regards médiatiques, révélant la complexité des catastrophes comme événements profondément sociaux, en même temps que des formes d’adaptations à la fois individuelles et collectives qui éloignent l’idée simple de résignation des sociétés.

Qu’en est-il donc des sociétés médiévales ?