• Colloque
  • Département CRISS

Colloque - Les transitions historiques dans l'usage des ressources naturelles

De l'antiquité au XIXe siècle

Rencontres interdisciplinaires Sociétés-environnement
Cycle " Ressources naturelles : concepts, usages et pratiques

Le groupe de recherche « Sociétés-Environnement » fondé à Liessies en 2007 sous le double patronage de l'Université de Valenciennes et du Conseil Général du Nord termine le cycle « Ressources naturelles, concepts, usages et pratiques », ouvert avec une première rencontre sur Pouvoirs et ressources naturelles et préparé par un atelier transition en 2023.

Rassemblant des chercheurs issus d'horizons disciplinaires différents, ce cycle entend explorer la question des ressources naturelles relatives à l'agriculture, la sylviculture, la pêche, l'artisanat ou encore l’industrie et l’énergie. À l'heure où de nouvelles normes environnementales sont dénies, où les ressources naturelles sont l'objet de discussions très vives, il semble important de ré-interroger la question en l’inscrivant dans la longue durée, en étant attentif aux transformations, aux continuités et discontinuités, aux accélérations ou stagnations, aux seuils de réversibilité dans l'exploitation des
ressources. Ces deuxièmes rencontres portent tout particulièrement sur les transitions historiques.

C’est un thème qui connait ces toutes dernières années un regain d’attention à l’échelle planétaire.
Le Dictionnaire de la pensée écologique présente deux définitions de la « transition », reflet des débats actuels autour de ce terme. La première affirme la dimension téléologique de la transition écologique, comme avenir inéluctable si l’humanité veut échapper au chaos des dérèglements qu’elle a déclenchés. La seconde replace la transition dans le champ des
sciences humaines, comme outil d’analyse de mécanismes de tous ordres (démographie, politique, économie…) avec des étapes et des champs d’application. La transition s'apparente à une modification structurelle profonde des modes de production et de consommation des ressources naturelles.

Elle est considérée aujourd’hui essentiellement à travers la consommation des énergies, comme les débats nationaux décentralisés à la suite du Grenelle de l’environnement l’ont montré dans les années 2010. En cela, elle ne constitue qu’un des volets de la transition écologique, concept élaboré par Rob Hopkins. L’idée de « transition énergétique » est apparue au milieu des années 1970 pour atténuer l’impact psychologique de la « crise énergétique » de la n annoncée des énergies fossiles, et proposer une alternative pour préserver la croissance économique. Dire « transition » plutôt que « crise » rend
le futur moins anxiogène tout en donnant l’impression d’un gestion maîtrisée des changements qui s’imposent. Jean-Baptiste Fressoz rappelle toutefois qu’« il n’y a en fait jamais eu de transition énergétique…
L’histoire de l’énergie n’est pas celle de transitions, mais celle d’additions successives de nouvelles sources d’énergie primaire. L’erreur de perspective tient à la confusion entre relatif et absolu, entre local et global». Pour se libérer de l’idée de transition, l’histoire de l’énergie doit abandonner ses terrains classiques et étudier les situations historiques passées, où des sociétés ont été contraintes de modifier leur consommation de ressources. Car c’est aussi les préoccupations liées à l’accès à l’eau potable et, dans les industries de hautes technologies, aux métaux rares, ce qui hypothèque déjà les
nouvelles économies et les sociétés d’avenir. La transition se fait crise de civilisation suscitant deux réactions opposées, la recherche d’un monde d’avant et la fuite en avant sans se préoccuper de ce que
sera l’existence des générations futures.

Ce deuxième volet s’intéresse plus spécifiquement à la place qu’ont les ressources naturelles, et pas seulement énergétiques, dans ces rythmes de développement et d’évolution dans le contexte du temps long de l’Europe occidentale et du pourtour méditerranéen jusqu’au XIX siècle.