Portrait d'Eugénie Avril
Faites-vous toujours confiance à votre GPS ? Quel sera votre rapport au véhicule autonome ? Comment vous motiver à utiliser des applications notamment en lien avec la mobilité ? Voici quelques questions qui peuvent animer mes recherches
Quelles sont vos thématiques de recherche ?
L’interaction Homme/Machine est au cœur de mes recherches. J’ai pour l’instant 2 axes principaux :
Mon 1er axe de recherche interroge comment un humain interagit avec des systèmes automatisés qui peuvent faire des erreurs, qui ne sont pas tout à fait fiables. Est-ce que l’opérateur humain va détecter cette erreur ? Est-ce qu’il la corrige ? Quelles sont les conséquences qui peuvent être issues de cette interaction ?
Je donne souvent l’exemple du GPS, il va donner une direction qui n’est pas toujours la bonne et on va peut-être avoir tendance à lui faire trop confiance.
Dans cet axe, il y a des questions liées au niveau d’automatisation. Selon les niveaux d’automatisation, un humain n’a pas les mêmes comportements cognitifs, ni la même interaction avec le système.
Par exemple, avec une voiture très automatisée, on peut imaginer que l’utilisateur va être moins attentif à ce qui se passe sur la route, parce qu’il va se contenter de ce que fait le système. De ce fait, il aura plus de difficulté à corriger l’erreur, parce que cognitivement, la personne s’est éloignée de la tâche de conduite.
Mon second axe de recherche concerne la gamification, c'est à dire intégrer des éléments de jeux dans des systèmes qui à la base ne sont pas lié au jeu.
Vous connaissez par exemple les applications Waze ou Blablacar qui pour motiver ou fidéliser ses utilisateurs ont mis en place un système de récompenses ou de paliers en fonction de l’utilisation.
J'analyse le comportement humain lié à cette gamification : au niveau expérience utilisateur : est-ce que cela satisfait de mettre de la gamification ? Qu’en est-il de l’acceptabilité des systèmes gamifiés ? au niveau cognitif : qu’est-ce que cela implique de mettre de la gamification ? au niveau motivation : est-ce que cela influence l’utilisateur à faire des actions et/ou adopter des comportements ? Comment et pourquoi ?
Que vous apporte le fait d'effectuer vos recherches au lamih ?
Je suis tout particulièrement intéressée par le domaine de la mobilité, or le LAMIH est le laboratoire de la mobilité au sens large. Ce qui est passionnant dans mon métier, c’est que l’on peut appliquer l’ergonomie partout où il y a des humains, à tous les métiers, à tous les domaines et au LAMIH, le champ d’intervention est très large avec ses 4 départements, Automatique, Mécanique, Informatique, Science de l’Homme et du Vivant.
Je peux donc travailler en interdisciplinarité avec les 4 départements dans des projets très différents. Je ne risque pas de m'ennuyer !
Quel est votre parcours ?
J’ai soutenu une thèse intitulée « Automatisation de l’information et fiabilité : effets sur le comportement humain ». Je m’intéressais aux comportements des Hommes interagissant avec des systèmes automatisés pouvant être perçus comme défaillants. Le domaine d’application concernait les aides à la planification dans le secteur du transport routier de marchandise. C’est un secteur dans lequel les opérateurs peuvent utiliser des systèmes d’aide à la planification, or ils ne les utilisent pas systématiquement. Il fallait donc comprendre pourquoi ils ne les utilisaient pas, en prenant en compte leur point de vue d’opérateurs experts de leur activité de travail.
J’ai ensuite fait un post-doc sur la gamification dans les applications MaaS (Mobility as a service). Ce projet vise notamment à favoriser l’émergence de nouvelles formes de mobilités, à décarboniser et décongestionner le territoire Toulousain.