Conférence de Elio Di Rupo

Le 27 mars 2025, l'Université Polytechnique Hauts-de-France a eu l'honneur de recevoir Elio Di Rupo pour une conférence intitulée "Quel avenir pour l'Europe ?", organisée dans le cadre du cycle "Dialogue entre cultures" porté par l'Université des Savoirs Partagés.

L'événement s'est déroulé sur le campus du Mont Houy, à Valenciennes. Devant un public attentif, l'ancien Premier ministre belge et actuel membre de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen a partagé sa vision sur les défis actuels de l'Union européenne.

Dans son exposé, Di Rupo a souligné que l'UE, bien que unique par son modèle de gouvernance partagée et ses réalisations comme la monnaie unique et la libre circulation des personnes, fait face à des défis internes complexes. Ces défis incluent les disparités économiques entre les États membres, comme celles observées entre la France et la Bulgarie, où les écarts de salaires et de fiscalité favorisent les délocalisations. Il a également évoqué la nécessité pour l'UE de renforcer sa défense et son autonomie stratégique face à des menaces extérieures croissantes, tout en soulignant l'importance de l'investissement dans des secteurs stratégiques comme l'énergie et les technologies de défense.

Né le 18 juillet 1951 à Morlanwelz-Mariemont, Elio Di Rupo est une figure majeure de la politique belge.
Issu d’une famille modeste d’origine italienne, il obtient un doctorat en chimie à Mons, où il devient conseiller d’administration.

Un Homme d'État Engagé et Visionnaire

Son engagement politique débute dans les années 1980 au PS.
Élu conseiller communal de Mons en 1982, il devient échevin en 1986, puis élu à la Chambre des représentants en 1987.
Il devient député européen en 1989, sénateur en 1991, puis ministre de l’Éducation en 1992.
En 1994, il devient vice-Premier ministre et ministre des Communications et des Entreprises publiques.
En 1999, il devient ministre-président de la Wallonie, où il engage des réformes pour relancer l’économie et la société.
Cette année-là, il devient président du PS, fonction qu’il occupera jusqu'en 2019. Bourgmestre de Mons en 2000, il transforme la ville et la prépare à devenir capitale européenne de la culture en 2015.
Il lance des projets culturels ambitieux, comme le Festival international du film d’amour.
En 2005, il met en place le Plan Marshall pour soutenir l'économie régionale.

La Belgique et l’Europe au cœur des mandats

Après les élections de 2010, il devient Premier ministre en 2011, mettant ainsi fin à la plus longue crise gouvernementale de l’histoire du pays.
Il dirige une coalition de six partis, traversant une période de rigueur, il accorde les six partis sur la plus importante réforme de l’État depuis 1989, élargissant considérablement les compétences des Régions et des Communautés, dans le respect de la solidarité nationale.
En 2014, il quitte la fonction, mais reste un acteur influent.
Il revient en 2019 à la tête du gouvernement wallon et, en 2024, est élu député au Parlement wallon.

Elio Di Rupo est reconnu pour son sens du compromis, sa vision réformatrice et son engagement pour le progrès social, faisant de lui une figure respectée et influente du paysage politique belge, apprécié pour son travail constant au service de son pays.

L'un des principaux axes de la conférence a été la question cruciale de la défense européenne.

Elio Di Rupo a insisté sur l'importance pour l'UE de renforcer son autonomie stratégique face à des menaces géopolitiques grandissantes. Bien que l'UE soit un acteur économique majeur avec un marché unique de 18 000 milliards d'euros, son budget reste limité à 1 % du PIB des États membres, ce qui freine ses capacités d'action dans des domaines essentiels comme la défense, la sécurité et l'innovation.
Il est partisan du fait que l'UE investisse dans ses capacités de défense, notamment face à des menaces telles que les cyberattaques et la guerre hybride. La guerre en Ukraine a montré la nécessité d'un renforcement de la défense européenne, en raison des menaces croissantes.

Monsieur Di Rupo a également souligné l'importance d’une politique industrielle forte, notamment dans les secteurs de l’énergie renouvelable et des semi-conducteurs, pour garantir une autonomie stratégique.

Enfin, notre conférencier d'exception s'est prêté avec enthousiasme au jeu des questions-réponses, répondant aux interrogations du public. L'auditoire a grandement apprécié cette rencontre, qui a été marquée par des échanges enrichissants.